vendredi 29 juin 2007

Amours

Longtemps j’ai pensé connaître l’amour. Connaître ses méandres et les sensations qu’il procure. J’aimais passionnément. Très vite. Un peu. Intensément. Pour une nuit. Pour une vie. Différemment et indifféremment.

J’ai découvert avec elle l’autre dimension.
J’ai découvert avec elle qu’on pouvait voir les choses autrement.
Qu’on pouvait demander plus.
Qu’on avait le droit de demander plus.
Que les choses pouvaient être plus profondes, plus belles, plus détaillées, plus belles encore.

C’est assez surprenant.

Je ne dis pas qu’on ne s’est pas modelé au fil de nos amours. Que cela ne nous permet pas de savoir aujourd’hui. Je dis qu’au fil de nos certitudes et de l’assurance de nos expériences, on revient finalement à la première impression. Celle dont on a rêvé enfant. La plus essentielle.

Le sentiment que la vie commence.
D’enfin faire sa vie.
D’y être au centre.
D’en être le centre.

C’est une chose à laquelle j’ai pensé souvent.
Qui n’était jamais pleine ni vive.

L’autre nous manque. On ouvre les yeux. On croit comprendre. On vit surtout. Différemment. Intensément. Pour une vie. Cette fois pour la vie. On a eu raison d’y croire.

J’ai cette chance.

Je t’aime.

vendredi 22 juin 2007

Mouvements

Au milieu du 19ème siècle, Christian Doppler mis le doigt sur un phénomène tout à fait intéressant. Il représente la différence des fréquences d'ondes émises et reçues par et entre un émetteur et un récepteur en mouvement. Il existe également lorsque l'un des deux membres est statique. Le son étant une vibration transmise par les particules constituant l'air qui nous entoure, il suffit de reproduire ces oscillations en rapport avec les décalages calculés pour entendre le mouvement. Entendre le mouvement. C'est fascinant.
Ca m'a cloué le bec.
Pourtant j'avais déjà testé dans le cabinet de ma mère, les soirs de bringues bordeliques au grenier. Mes parents avaient toujours la bonne idée de partir en week-end afin de nous laisser tranquillement vivre le calendrier de nos événements programmés. On avait prêté un Doppler à ma mère, qui m'en avait fait la démonstration, démonstration que je refaisais avec application à mes amis entre deux Margaritas. Je dois dire qu'adolescent, entendre le sang filer dans ses veines est assez surprenant, presque inquiétant.
Mais là s'était différent. Pas de rires imbéciles mais une certaine gravité. Je ne sais pas si c'était mes larmes que je retenais, mon coeur en train d'exploser d'amour, ou mon esprit qui avait quitté mon corps, mais au fur et à mesure que les petites crêtes blanches s'affichaient à l'écran, je suis devenu grand. Ou tout petit, c'est un peu tôt pour le dire.
Bizarrement, j'ai repensé à ça. A ce son si caractéristique, entendu une seule fois, et pourtant si important aujourd'hui, gravé dans ma mémoire, à nouveau, par dessus l'autre.

Hier, j'ai ouvert le pôt en verre, resté fermé trop longtemps. J'ai volé une feuille dans ton carnet rouge, découpé avec beaucoup d'attention un petit morceau de papier. J'ai écrit ce souvenir et je l'ai rajouté aux autres. Et ça m'a fait du bien.

Je t'aime.