samedi 8 mars 2008


Je voulais te dire plein de choses.
Que je n'écris plus sur un blog mais que la flamme est là, toujours là.
Que oui je suis fatigué de temps en temps mais que bon, ça ne remet rien en cause.
Que oui, j'aime t'entendre dire que tu relis de temps en temps ce que j'ai pu t'écrire.
Je ne réagis pas parce que je ne le prends pas comme une chose passée, mais comme une chose toujours là.
Et ça me fait plaisir.

Que oui je prends l'apéro, pas pour m'évader comme tu as pu le craindre il y a longtemps.
Parce que j'aime ça.
Et que c'est comme ça.
J'en ai ri avec Hino dans la voiture (que ces escapades sont bonnes).
Son frère est architecte.
Il a aussi du mal à comprendre.
Parfois.

Que bien sûr que oui, tu, pardon vous, me manquerez.
Et qu'en même temps, j'ai mis de côté le prix du billet, parce que je sais qu'il n'y a pas que les questions qu'on se pose, il y a aussi le plaisir, quoi qu'on en dise.
Que comme tu l'as écrit, tu as trouvé un ours, seul dans sa grotte, qui attendait qu'on le trouve.
Et il en est ravi.
Et qu'il reste un ours.
Seul dans sa grotte.
L'été est propice.
Je t'en remercie.

Je voulais te dire.
Que j'ai oublié mon password.
Que je n'avais pas peur que tout le monde me lise.
Que je n'avais pas peur que tout le monde te lise.
Que j'avais peur que tu en aies assez.

Il y a des milliers de choses que je voulais te dire.
Que tu ne serais pas la seule à claquer dans les doigts.
Une fois.
Et surtout la seconde.
Que finalement, on devrait claquer dans les doigts.
Que finalement, je devrais claquer dans les doigts.

Les ours ne sont pas morts.
Ils sont endormis.
D'un long sommeil.
Très long je sais.
Mais pas morts.
C'est ce qui est important.

J'écris toujours aussi mal.
Mon grand-père un jour, l'arrière, m'avait complimenté lors d'une de nos lettre de la longueur de mes phrases, chose que d'après lui, on avait du mal à faire sans perdre le fil, ou en tout cas le propos, mais me mettais en garde sur la ponctuation, art à mes yeux totalement incompréhensible. Cela a bien changé. J'espère très vite retrouver ces longueurs et pouvoir enfin lui raconter nos rêves, notre vie, et tout ce que je voulais te dire.

Et mille choses encore.

samedi 12 janvier 2008

+0 jour

Je dors. Je dors beaucoup. J'essaye.
Ce soir non.
Ma caméra est prête. Une superbe Minolta XL-Sound 64. Et sa cartouche Super 8. Pêle mêle, le paquet de cigarettes, neuf, pour demain, un autre ouvert, pour maintenant. Ma montre, ma Technomarine, si chère à mon coeur, affichant le 12, janvier, le mois, je dois le savoir, pas d'électronique à mon poignet. L'appareil de Bernard, quel père, tel grand père, le sait-il lui-même, comme moi je le sais déjà. Transfos, portefeuille, carte d'identité, portant la moitié de ton nom. Le chien au pied ronflant. Tout le monde dort.
Pas moi. Je veille. Comme avant. Comme sur la mer. Pour une bonne raison. Comme avant. Pour enfin depuis longtemps. Avec la même intensité, prise pour perdue, prise pour finie. Mais non, heureusement.
Un papier.
"Lampe de chevet".
Elle est sur la table. Impossible de l'oublier.
Le parapluie est roulé.
Fille du Nord et du Sud, il pleut.
Tu peux venir.
Arrive, tu es la bienvenue.

Je dors beaucoup. J'essaye.
Mais pas là. Pas sommeil. Epuisé mais pas sommeil. Je suis prêt puisque nous attendons. Nous t'attendons.

Je finirai par aller me coucher, un jour, rêvant que mes rêves se réalisent. Ils le font. Sans mon sommeil. Grâce à tes prières. Qui se réalisent.

Je finirai par aller me coucher, ce soir, rêvant que mes rêves se réalisent, maintenant. Ils le sont.

Moi je n'ai pas voulu grand chose. J'ai eu plus que cela. Si je trouve le sommeil, alors je ne crains plus rien. Vous êtes là toutes les deux. C'est mon rêve de ce soir, c'est ma vie de demain.

Mes affaires sont prêtes. Le pot de savon et celui de chocolat.

J'attends. Je rêve. Je suis là.

+0 jour

Et quelques heures.

jeudi 5 juillet 2007

Six mois


Ca fait six mois.
Juste là, maintenant.
Six mois que je t'aime.

Il s'en est passé des choses en six mois.
Certainement plus que je ne pouvais l'imaginer.
Et c'est tant mieux, je me suis régalé.

J'ai été enchanté, charmé, amusé, séduit, attristé, rêveur, sérieux, aimé, choyé, retourné, mouillé, rassasié, encouragé, entouré, fatigué et surtout embrassé.

Mais pas un instant je n'ai douté.
Ni du passé, ni de l'avenir.
Encore moins de toi.

Alors si tu le veux bien, je crois que je vais en reprendre pour six mois.
Juste comme ça. Pour le plaisir...

Je t'aime

vendredi 29 juin 2007

Amours

Longtemps j’ai pensé connaître l’amour. Connaître ses méandres et les sensations qu’il procure. J’aimais passionnément. Très vite. Un peu. Intensément. Pour une nuit. Pour une vie. Différemment et indifféremment.

J’ai découvert avec elle l’autre dimension.
J’ai découvert avec elle qu’on pouvait voir les choses autrement.
Qu’on pouvait demander plus.
Qu’on avait le droit de demander plus.
Que les choses pouvaient être plus profondes, plus belles, plus détaillées, plus belles encore.

C’est assez surprenant.

Je ne dis pas qu’on ne s’est pas modelé au fil de nos amours. Que cela ne nous permet pas de savoir aujourd’hui. Je dis qu’au fil de nos certitudes et de l’assurance de nos expériences, on revient finalement à la première impression. Celle dont on a rêvé enfant. La plus essentielle.

Le sentiment que la vie commence.
D’enfin faire sa vie.
D’y être au centre.
D’en être le centre.

C’est une chose à laquelle j’ai pensé souvent.
Qui n’était jamais pleine ni vive.

L’autre nous manque. On ouvre les yeux. On croit comprendre. On vit surtout. Différemment. Intensément. Pour une vie. Cette fois pour la vie. On a eu raison d’y croire.

J’ai cette chance.

Je t’aime.

vendredi 22 juin 2007

Mouvements

Au milieu du 19ème siècle, Christian Doppler mis le doigt sur un phénomène tout à fait intéressant. Il représente la différence des fréquences d'ondes émises et reçues par et entre un émetteur et un récepteur en mouvement. Il existe également lorsque l'un des deux membres est statique. Le son étant une vibration transmise par les particules constituant l'air qui nous entoure, il suffit de reproduire ces oscillations en rapport avec les décalages calculés pour entendre le mouvement. Entendre le mouvement. C'est fascinant.
Ca m'a cloué le bec.
Pourtant j'avais déjà testé dans le cabinet de ma mère, les soirs de bringues bordeliques au grenier. Mes parents avaient toujours la bonne idée de partir en week-end afin de nous laisser tranquillement vivre le calendrier de nos événements programmés. On avait prêté un Doppler à ma mère, qui m'en avait fait la démonstration, démonstration que je refaisais avec application à mes amis entre deux Margaritas. Je dois dire qu'adolescent, entendre le sang filer dans ses veines est assez surprenant, presque inquiétant.
Mais là s'était différent. Pas de rires imbéciles mais une certaine gravité. Je ne sais pas si c'était mes larmes que je retenais, mon coeur en train d'exploser d'amour, ou mon esprit qui avait quitté mon corps, mais au fur et à mesure que les petites crêtes blanches s'affichaient à l'écran, je suis devenu grand. Ou tout petit, c'est un peu tôt pour le dire.
Bizarrement, j'ai repensé à ça. A ce son si caractéristique, entendu une seule fois, et pourtant si important aujourd'hui, gravé dans ma mémoire, à nouveau, par dessus l'autre.

Hier, j'ai ouvert le pôt en verre, resté fermé trop longtemps. J'ai volé une feuille dans ton carnet rouge, découpé avec beaucoup d'attention un petit morceau de papier. J'ai écrit ce souvenir et je l'ai rajouté aux autres. Et ça m'a fait du bien.

Je t'aime.

jeudi 25 janvier 2007

Ses mains sur ma peau

Ses mains sur ma peau. J’en ai écrit des dizaines et des dizaines de ligne. Je vous épargne ce calvaire sans aucun intérêt.

Fermez plutôt les yeux et imaginez.

Imaginez un voilier. Un très beau voilier. Qui glisse doucement, très doucement, la nuit, sur une mer aimante. Toutes les personnes à bord dorment. Vous êtes la seule personne éveillée. Et vous veillez sur eux. Vous êtes responsable. Le temps est doux, le vent complice gonfle les voiles sans faire de bruit, vous porte. Les faibles lueurs du compas vous secondent. Rien ne peut vous arriver. Vous êtes en parfaite sécurité. La musique joue doucement dans vos oreilles, le volume est très faible. Un carnet à la main, vous écrivez. Dans un parfait moment de solitude, de recueillement. Vos idées filent. Vos sentiments aussi. Vous vous retrouvez seul(e) dans cet espace. Vous en faîtes le tour. A pas de loup. Pour ne pas déranger. Pour en profiter. Pour voir l’eau fuir le long de la coque. Pour saisir ce moment, l’empêcher de disparaitre. Pour le garder avec vous jusqu’à la fin de vos jours. C’est un moment de calme parfait, réparateur et nécessaire. Vous écrivez un mot amical, sur le journal, à celui ou celle que vous réveillerez dans quelques minutes pour prendre votre place, juste pour lui dire tout va bien. Et au dernier moment, vous faîtes durer le plaisir, encore un peu, juste un peu, toutes vos excuses sont bonnes.

Je vais vous faire un aveu.

Ses mains sur ma peau, c’est encore plus beau que ça.

Courbes infinies

Ne croyez pas que l'architecture se limite à dessiner des droites. La difficulté réside plutôt dans les courbes. D'ailleurs, le fait même que deux droites dans l'espace ne se coupent qu'en un seul et même point unique m'effraie un peu. Enfin je devrais employer l'imparfait car lorsqu'on trouve cette intersection, ses coordonnées X, Y et Z sont proches de la perfection. Les tristes me diront qu'une droite comporte un nombre infini de points et que par chacun d'entre eux passe une infinité de droites. Soit. Mais le fait est qu'être au rendez-vous à l'intersection de ma droite et de la sienne était quand même un miracle ( je ne vois pas d'autre explication ). Je vous conseille donc de tenter l'expérience, il se produit alors un phénomène tout à fait intéressant.
J'en vois d'autres qui me diront " oui mais la Fallingwater de Wright alors ". Et bien justement, elle est posée sur une fallingwater, toute l'astuce est là. On voit bien sur la perspective originale que Wright avait dessiné un mur d'eau plan. Seulement voilà, l'eau en mouvement ne tombe pas exactement à la verticale, c'est parfaitement impossible, n'insistez pas.
Nous vivons donc dans monde courbe. Et toutes les courbes ne se valent pas. Dessiner une belle courbe est réellement difficile. Je pense aussi qu'une belle courbe peut parfaitement se suffire à elle-même. La courbe de son sourire par exemple est un modèle de pureté. Simplement irresistible. Bref, je m'égare. Gehry est un gars qui dessine pas mal les courbes, pour ne pas dire très bien. Il les dessine tellement bien que les mettre à plat est un véritable calvaire. Les surfaces décrites par les courbes de Gehry sont pour la plupart indéveloppables. C'est ce qui en fait en partie le charme.

J'ai longtemps pensé que ma vie se situait sur une courbe. Une courbe infinie, contrairement à celles de Gehry. Comme un fil qui ne serait pas tendu. J'ai souvent failli en tomber et faire une chute infinie elle aussi. J'en ai rêvé des centaines de fois. J'étais terrorisé par ces rêves et à chaque fois étonné de me réveiller vivant. En même temps, l'infini n'ayant pas de limites, je ne risquais pas de me faire bien mal. Mais le paradoxe de chuter de n'importe quel endroit de la courbe pour finir systématiquement au même point dans mon lit m'a toujours surpris. C'était quand même passablement désagréable. Et puis depuis peu, j'ai découvert une autre sorte d'infini. Là par exemple, je suis infiniment amoureux. Pourtant j'ai les deux pieds sur Terre. Parfois un peu aussi la tête dans les étoiles j'avoue. Ca m'a donné une autre vision des choses. Un nouvel éclairage. Ma vie est bien sur une courbe, mais pas infinie. Cette courbe dessine un nuage, avec ses volutes, comme ceux que dessinent les enfants. Chaque jour, j'en fais le tour et je retourne au point d'origine, celui où tu as posé le crayon le premier jour. Et en arrivant à ce point, au moment où mes yeux se ferment sans peur de chuter, j'en arrive toujours à la même
conclusion.
Mon nouvel infini, c'est toi.